Guide à l’attention des participantes et des participants

Dans le cadre de cette quatrième édition du concours de création littéraire «Écrire pour se raconter », les Éditions David vous invitent à rédiger un court texte (1 000 à 1 500 mots) sur le thème La première fois que…

Pour vous encourager à prendre la plume, nous mettons ici à votre disposition un guide de rédaction qui vous aidera à démarrer votre projet d’écriture. Nous vous souhaitons bonne chance et, surtout, beaucoup de plaisir!

Téléchargez le guide de rédaction en fichier PDF.

QUELQUES ÉTAPES À SUIVRE

1. Choisir son histoire

 

« Racontez la première fois que… »

Des premières fois, on en a tous eu de mémorables, de ces petites ou grandes expériences restées gravées dans notre mémoire pour le reste de notre vie… Mais cette première fois là, elle vous a marqué au fer rouge !

La première fois, ce n’est pas forcément ce à quoi vous pensez, ce que tout le monde imagine. Et si votre première fois c’était… la première fois que vous avez participé à une compétition ? La première fois que vous avez réalisé un rêve ? Que vous avez perdu un proche… ou que vous avez adopté un chat ? Que vous avez fait votre coming-out ?

Bon ou mauvais souvenir, cette première fois vous a changé. Cette expérience, vous en ressentez encore les conséquences négatives ou positives.

Pas la peine d’hésiter : votre première idée est probablement la bonne parce que, si vous y avez pensé, c’est que cette première fois-là est importante pour vous. Elle n’est peut- être pas spectaculaire, c’est peut-être une première fois qui peut sembler «banale» pour certains, mais pas pour vous !

C’est votre histoire, alors choisissez-la avec le cœur. Faites-nous voir par vos yeux ce qui a rendu cette première fois inoubliable. Osez la partager, faites-nous rire et pleurer!

C’est le point vital de votre récit. Une fois que vous aurez cette idée, il faudra que vous l’écriviez en vous demandant comment rendre votre histoire attrayante. Par le style ? Le point de vue ? Bref, comment la raconter de telle façon qu’elle intéressera le lecteur ?

Ne vous contentez pas de décrire votre première fois : contextualisez-la, montrez le chemin parcouru, dévoilez vos sentiments sans en faire trop.

2. Choisir son approche

Une histoire peut être captivante et originale par son sujet, mais également par la manière dont elle est racontée. Il existe plusieurs approches différentes qui peuvent faire en sorte que votre histoire se démarque par son traitement.

Choisissez tout d’abord le ton que vous utiliserez pour bien rendre votre histoire. Un ton humoristique ? Dramatique ? Poétique ?

Choisissez ensuite la forme que vous donnerez à votre texte en veillant à privilégier un style autobiographique.

Le ton et la forme de votre histoire influenceront le choix de votre narrateur et le point de vue qu’il adoptera. Il faut bien savoir distinguer le narrateur de l’auteur. Alors que vous en êtes l’auteur — soit la personne physique qui crée l’histoire —, le narrateur est l’individu qui racontera votre histoire au lecteur. Ainsi, même si vous choisissez d’écrire votre texte à la première personne et de privilégier une approche autobiographique, vous devrez tout de même prêter votre voix à un narrateur.

Le narrateur que vous choisirez pourra être omniscient, interne ou externe :

  • Si vous voulez plonger le lecteur dans votre histoire, le malmener sans lui donner aucun indice, l’amener vivre votre première fois avec vous, alors choisissez le narrateur interne.
  • Si vous préférez donner toutes les clés au lecteur, lui laisser le choix, montrer tous les enjeux et permettre compréhension et réflexion, optez pour le narrateur omniscient.
  • Pour un choix plus original, si votre histoire le permet, vous pouvez utiliser le narrateur externe, à vos risques et périls puisque vous amènerez le lecteur dans la tête d’un observateur externe qui ne connaîtra ni les sensations du personnage, ni les ressorts de cette première fois.

3. Construire son texte

Une fois que vous aurez choisi votre histoire et la manière dont vous la raconterez, il sera temps de passer à la construction de votre schéma narratif.

Un conseil : esquissez un plan, mettez vos idées au brouillon et construisez votre trame narrative. En organisant vos idées, vous clarifierez votre récit. Plus vous le maîtriserez, plus le lecteur prendra plaisir à vous lire.

3.1   Le schéma narratif

Tout récit répond à un schéma narratif, dont voici les principales composantes :

La situation initiale

La situation initiale, c’est le début (en général) d’un texte. Le lecteur apprend à connaître les personnages, leur cadre de vie. C’est une situation qui peut sembler durable, stable. On y décrit le quotidien des protagonistes. Une atmosphère est posée. Faites attention en particulier à l’incipit (la première phrase). C’est votre première impression : ne la manquez pas ! Ce n’est pas un paragraphe ni une phrase à rallonge. L’incipit est une sorte d’uppercut qui doit accrocher le lecteur. Vous n’avez que peu de mots dans une nouvelle, alors choisissez-les avec soin. Surtout les premiers et les derniers ! Il faut qu’ils fassent leur effet.

L’élément déclencheur

L’élément déclencheur, c’est l’obstacle qui va déséquilibrer la situation initiale. Comme tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes, quelque chose va bousculer le personnage, déclencher l’action. Plus votre élément déclencheur est fort, plus le récit qui suit sera riche. Un élément déclencheur fort n’est pas forcément un grand ou un gros événement. Cela veut juste dire qu’il va attirer l’attention du lecteur ou du personnage principal, puisque c’est un élément anormal qui marque le point de vue.

Les péripéties          

Arrivé subitement, votre premier obstacle peut être suivi par d’autres : ce sont les péripéties. Elles peuvent être de toute nature, multipliez-les allègrement. Si vous manquez d’espace dans votre récit, ne retenez qu’un obstacle ou deux. En manque d’inspiration ? Demandez-vous comment mettre le personnage en difficulté. Superman, par exemple, ne sera pas ébranlé face à un ennemi — même surpuissant — mais si l’adversaire trouve son point faible, ou si la femme qu’il aime se meurt, alors Superman deviendra vulnérable. Vous devrez donc trouver des solutions pour qu’il s’en sorte. Votre inspiration devrait revenir au galop !

Le dénouement       

Le dénouement, c’est l’action décisive qui vient mettre un terme à l’intrigue ou à la série de péripéties. Il vient en quelque sorte fixer le sort des personnages. Il doit être simple, rapide et efficace. Vous avez tenu votre lecteur en haleine, vous l’avez amené voyager avec vous, laissez-le maintenant respirer (juste avant de donner le coup de grâce). Le fil rouge d’une histoire, c’est de revenir à un équilibre perdu.

La situation finale   

Finalement, vous y êtes arrivé! Votre récit s’achève. Il lui faut une chute, comme il faut un point à une phrase. Attention! Ça ne veut pas dire que tout est terminé. Une phrase achevée peut donner naissance à une autre phrase (vous n’êtes pas obligé d’avoir une fin définitive, vous pouvez écrire une fin ouverte). PAGE 4 La fin peut contenir une morale ou, au contraire, laisser le lecteur décider de ce qu’il en tirera. Mais on ne peut bâcler une fin. Rappelez-vous que vous participez à un concours d’écriture et que c’est la dernière chose que le jury lira avant de décider si votre récit mérite ou non d’être publié…

3.2   Faire vivre ses personnages

Si vous écrivez une histoire, vous devez impérativement soigner vos personnages. Ils doivent surprendre le regard, on doit pouvoir se rappeler d’eux. Ils servent l’intrigue, mais permettent aussi au lecteur de s’identifier. La première chose à faire, c’est de les caractériser pour leur donner du relief. Ce sont eux que le lecteur suivra, alors prenez le temps de les rendre riches et crédibles. Un conseil : donnez-leur entre trois et cinq traits de caractères que vous suivrez au fil du récit. Un personnage peut évoluer mais ce n’est pas une girouette; un changement de caractère ne se fait pas comme ça, il doit y avoir une raison.

Le sujet de votre récit est en principe une expérience personnelle, donc il y a de fortes chances que vous en soyez le héros ou l’héroïne. Ne vous idéalisez pas et ne vous dépréciez pas. Vous êtes humain avec des forces et des faiblesses. Dressez un portrait fidèle de vous-même et le lecteur pourra d’autant mieux comprendre l’expérience vécue et en quoi elle était importante.

Que les personnages soient attachants ou détestables, ils guident votre récit et sont bien souvent la clé de l’ambiance d’une nouvelle (un grand-père gaffeur peut rendre une nouvelle comique, une maman en plein burnout créera une ambiance tendue, etc.).

Pour vous aider à cerner vos personnages, vous pouvez éventuellement faire des fiches ou répondre à ces questions :

  • À quoi ressemble le personnage physiquement ?
  • Comment définir sa voix, son phrasé, sa gestuelle ?
  • Appartient-il à une communauté bien définie (linguistique, religieuse, ethnique…) ?
  • Comment se considère-t-il ? Quels adjectifs le définiraient ?
  • Quelles sont ses motivations, ses raisons de se lever le matin ?
  • Quels sont ses passe-temps et passions ?
  • Quelle est la plus grande faiblesse du personnage ? Sa plus grande fierté ?
  • Quel est l’entourage du personnage ? Quelles sont ses relations avec les autres ?
  • Que désire-t-il le plus au monde ? Qu’est-il prêt à faire pour l’obtenir ?

Bien entendu, toutes les réponses ne seront pas utiles mais plus vos personnages seront clairs dans votre esprit, plus ils susciteront l’intérêt du lecteur.

4. Travailler son style

Plusieurs de ces astuces vous permettront d’ajouter de la valeur à votre récit. Suivez-les et vous verrez que le texte sera plus fluide et que le lecteur prendra davantage de plaisir à vous lire. Avoir un style d’écriture unique, ce n’est pas facile, cela demande du temps et d’abord de revenir à la base de l’écriture. C’est un peu comme le dessin : avant de faire un chef-d’œuvre, on recopie, on apprend à répéter mille fois les mêmes tracés.

  • Le temps de verbe : Êtes-vous plus à l’aise au présent ou au passé ? N’oubliez pas de faire concorder vos temps (selon la durée du verbe, la description ne sera pas au même temps que l’action, au passé, on privilégiera l’imparfait pour la description et le passé simple pour l’action).
  • Le sujet : Encore une fois, c’est selon vos préférences : plutôt le « je» ou le « il/elle», dépendant aussi de votre narrateur.
  • Le rythme : Phrase longue ou courte? Plutôt Proust ou Camus ? L’action sera en phrases courtes et les introspections/réflexions/descriptions en phrases plus longues. Attention à ne pas faire des phrases fleuves (pensez aux points et aux virgules pour faire respirer le lecteur!) ou de récit télégraphique (dans une phrase, il y a un sujet, un verbe et un complément, évitez au maximum les phrases d’un mot ou utilisez-les juste pour interpeller le lecteur, une fois le récit bien engagé).
  • Le niveau de langue : Il dépendra de vos personnages et de votre narrateur. Soyez cohérent! Ne passez pas d’un langage soutenu à un langage familier sans raison. Ne faites pas parler un jeune de la même façon qu’un diplomate!
  • Le vocabulaire : La langue française est une langue complexe… mais riche. Vous avez à votre portée des synonymes, des expressions imagées, alors ne vous répétez pas, n’utilisez pas des mots valises qui ne veulent rien dire. Piochez dans la diversité de la langue pour donner du charme à votre récit. Ne dites pas que quelque chose est beau, mais que c’est somptueux, splendide, sculptural ou ravissant, exquis, plaisant… Jouez avec la langue et vous serez surpris.
  • La ponctuation : Elle sert à aérer, à rendre votre récit plus fluide. N’en ayez pas peur. Employez une virgule, reprenez votre souffle, mettez un point pour offrir du répit. Utilisez les points de suspension pour créer un suspens. Sautez à la ligne pour éviter des paragraphes trop longs.

5. Tester son ébauche

Vous avez maintenant terminé la rédaction de votre récit! Vous l’avez relu et vous le trouvez parfait ? Ce n’est pas encore fini ! Lisez-le à voix haute pour voir s’il sonne faux.

Même si, pour vous, tout est clair, quelqu’un d’autre pourrait n’y rien comprendre, faites-le relire par quelqu’un d’objectif. Et soyez ouvert à la critique! Évidemment que ce n’est pas parfait, alors écoutez et prenez en note les commentaires que l’on vous fait.

Posez des questions aux gens qui liront votre texte, demandez-leur ce qui fonctionne, mais aussi ce qui ne fonctionne pas.

QUALITÉS RECHERCHÉES

Au terme du concours, un comité de sélection mis sur pied par les Éditions David se réunira dans le but d’évaluer les textes reçus. Afin de choisir les textes qui seront publiés, les membres du comité tiendront compte notamment des aspects suivants :

  • L’originalité et l’intérêt de l’histoire ;
  • La manière dont elle est racontée (son traitement) ;
  • La façon dont elle s’inscrit dans le thème proposé ;
  • La qualité littéraire du texte.

Nous vous invitons évidemment à garder ces éléments en tête tout au long de votre travail de rédaction !

QUELQUES CONSEILS PRATIQUES

  • Allez droit au but : vous devez, en assez peu de mots (1 000 à 1 500 mots), raconter une histoire. N’hésitez pas à couper à foison. Si vous vous demandez si ce paragraphe est de trop, c’est qu’il l’est! Tout texte peut être coupé de 10 à 30 % sans qu’il ne perde le charme de son intrigue.
  • Résistez à l’envie d’impliquer trop de personnages dans votre histoire. Limitez-vous à votre personnage principal et à deux ou trois personnages secondaires.
  • Mettez-vous à la place du lecteur. Demandez-vous si ce que vous écrivez est intéressant, captivant ou touchant…
  • Tentez de vous détacher de votre sujet et de votre personnage. Sachez établir une certaine distance avec votre sujet pour le rendre plus littéraire.
  • Accordez une attention particulière au rythme de votre histoire.
  • Allez plus loin que la simple écriture « utilitaire » et tentez de donner du style à votre texte.
  • Relisez-vous, encore et encore, idéalement à haute voix, et n’hésitez pas à vous référer aux dictionnaires.
  • Faites lire votre texte autour de vous, recueillez les commentaires des lecteurs.
  • Et surtout… surtout : AMUSEZ-VOUS !!!

 

Les Editions David, octobre 2016